Article de Dan Docherty publié dans le magazine britannique Tai Chi Chuan & Internal Arts, hiver 2005
La technique du Simple Fouet est la 4e des 32 techniques mentionnées dans le Quanjing (Classique de la Boxe), qui se veut avoir été écrit par le général de la dynastie chinoise Ming, Qi Ji – guang (1528-1587). Je cite :
” 4e Geste/style : Simple Fouet Plié, la Fleur Jaune avance précipitamment.
(La fleur jaune étant une métaphore pour vierge, ainsi, faites un pas comme une vierge, les jambes refermées quand on avance)
Ouvrez et soulevez ses jambes, gauche et droite, il est difficile pour lui de se défendre.
Faites un pas à l’envolée (comme une fente soudaine à l’escrime) et utilisez le poing de façon continue pour trancher devant (probablement le poing marteau car Pi suggère un coup de hache).
Le Geste/style de Chen Xiang, renversez Tai Shan
(La mère de Chen Xiang avait la montagne Tai posée sur sa tête ; il la renversa pour la libérer)”
Le Simple Fouet est une des techniques communes à tous les styles de Tai Chi Chuan que je connaisse, bien qu’il y ait des variations importantes dans la manière de l’exécuter. Dans le lignage de Wu Quan-you auquel j’appartiens en partie, la technique s’exécute dans la posture du cavalier dans la forme des mains, mais dans une posture avant dans la forme de l’épée Qian Kun (Ciel -Terre). Et même encore il existe d’importantes variations, particulièrement dans la forme des mains.
Il représente aussi une des techniques les plus répétées de la forme longue. On le rencontre plus de 10 fois dans la forme que je pratique, ce qui donne une indication sur sa relative importance.
Lorsqu’on parle du Simple Fouet dans la forme des mains, nombreux interprètes tendent à imaginer la position finale, mais sur un plan plus subtile, on trouve beaucoup de mouvements d’enroulé et de déroulé avec les bras, les jambes et le torse avant d’arriver à cette position.
Voir son usage martial dans les applications ci-jointes en images.
La première application avec un genou en défense contre un coup de pied, et une grande claque simultanée, pourrait certainement correspondre aux explications données dans les 2 premières phrases de l’application du Quanjing.
Le coup en crochet avec le dos du poignet pourrait être interprété par un coup tranchant, comme le ferait le poing marteau au niveau des côtes ou du plexus solaire que l’on trouve dans la suite du Simple Fouet jusqu’au Vol Oblique où on bloque la nuque.
Renverser Tai Shan pourrait aussi se référer au blocage de la nuque, ou bien à la frappe au visage de la paume, qui précède.
Le fait de lier en application deux techniques séparées mais qui se suivent est commun au Tai Chi Chuan.
Dans la forme de l’épée, le Simple Fouet est un petit coup rapide du tranchant de l’épée sur la main ou le bras de l’adversaire suivant une défense telle que Les Phénix Mâle et Femelle Déploient leurs Ailes.
J’ai étudié les dérivations du nom mais les explications sont peu nombreuses et manquent de détails.
Il y a des suggestions autour de l’existence d’un Double Fouet et cela est probable car nous avons la Saisie de jambe(s) à 1 ou 2 mains, et le Balayage de la Jambe Lotus également à 1 ou 2 mains.
Il y a aussi l’idée que le corps représente le manche du fouet et les bras la lanière.
Le Simple Fouet existe aussi dans des arts externes tel que le Changquan où il se termine dans une posture avant avec les poings en extension.
Autre idée aussi : la main en crochet brandit un fouet comme si on montait à cheval (la famille Wu descendait de porte-bannières mandchous et comprenait des cavaliers réputés).
Existe également le peu connu Tai Chi Bian ou Fouet, qui est une canne en rotin. Et il est possible, tout comme en escrime, que le Simple Fouet faisait allusion au fait de tenir l’une d’elles en faisant les même mouvements, et que le Double Fouet faisait référence à une canne/bian dans chaque main.
D’autres raisons expliquant la posture du cavalier incluent le renforcement des jambes et la stimulation du système nerveux autonome.
Traduit de l’anglais par Dominique Robin
Photos de Claire Sheehy