Une interview de Dan
par Ronnie Robinson
Article publié dans le magazine européen Internal Arts Journal n° 1 Octobre 2004
Dan Docherty est l’un des pratiquants de taiji les plus connus en Europe, et l’un de ceux qui prêtent le plus à controverse. Dans cette interview approfondie, il évoque l’entraînement au combat en Chine et la victoire qui s’en est suivie dans un combat “full contact” en Asie. Il parle des aspects sociaux et politiques de l’enseignement des arts internes au Royaume Uni et en Europe, commente la perception qu’a le public de sa propre personnalité et de son travail, et donne son opinion sur d’autres approches de cet art.
Quand avez-vous commencé votre apprentissage du taiji et qu’est-ce qui vous a attiré vers cet art?
J’étudiais le karaté depuis 1971, et j’avais obtenu un 1er dan. J’avais beaucoup lu sur le taijiquan qui m’intriguait beaucoup. J’avais aussi rencontré des pratiquants de karaté français qui connaissaient un peu le taijiquan et cela m’amena à approfondir mes lectures sur cet art. La plupart des ouvrages disponibles avaient beau regorger des récits des exploits des grands maîtres, les techniques de self-défense proposées en illustration et les explications fournies me semblaient incroyablement inefficaces. J’ai voulu en savoir plus et j’ai pris quelques cours avec une danseuse à Glasgow mais bien sûr, elle n’avait pas la moindre idée de la façon de mettre en pratique les techniques de self-défense et un livre seul ne me livrait pas les clés.
Où vous êtes-vous adressé alors?
A cette époque (1975), il n’y avait pas moyen d’apprendre les arts internes chinois en Ecosse et j’ai compris qu’il me faudrait aller en Asie pour en savoir plus. Je suis sorti de l’Université de Glasgow avec un diplôme de droit mais j’étais plus attiré par les arts martiaux que par une carrière dans le droit. C’est ainsi que je me suis engagé dans la Police Royale de Hong Kong.
Avez-vous trouvé facilement ce que vous cherchiez à Hong Kong?
L’offre était abondante, mais il s’avérait difficile de trouver quelqu’un ayant à la fois une bonne réputation et une grande compétence dans les arts martiaux. De nombreux clubs d’arts martiaux étaient des viviers pour les Triades, et étant de la police je ne pouvais travailler dans leur environnement. J’ai essayé le goju ryu* et le wing chun, mais il m’a semblé qu’aucune de ces deux méthodes ne me convenait. L’instructeur d’éducation physique en chef à l’Ecole de Police était un pratiquant d’aikido de haut niveau et il m’a dit qu’il avait appris un peu le taijiquan de combat avec un certain Sifu Cheng Tin Hung à Kowloon.
Comment se passa votre première rencontre avec l’homme et son art?
Il était très cordial, très poli, mais très alerte. Comme il ne parlait pas anglais et que ma connaissance du cantonnais était très limitée à l’époque, il avait un interprète. Il nous emmena sur le toit en terrasse sur lequel ses étudiants s’entraînaient. Pas de grades, pas d’uniforme; chacun pratiquait l’un des différents aspects (les armes, la poussée des mains, les techniques de self-défense de la forme à mains nues) pendant que certains se contentaient de discuter. Sifu Cheng nous montra quelques applications de self-défense issues de la forme à mains nues, après quoi il m’invita à le frapper à l’estomac aussi fort que je le pouvais pour mettre en évidence le taiji neigong (force interne). Il absorba quelques uns de mes meilleurs gyaku-tsukis (coup de poing inverse) sans un signe de tension ou de douleur. C’est alors que je pensai avoir trouver le maillon manquant que j’ai évoqué tout à l’heure. Une semaine plus tard j’avais complètement abandonné le karaté et le wing chun.
En quoi consistait l’entraînement quotidien?
Beaucoup de poussée des mains, des applications et du combat, le taiji de combat était une pratique très importante dans l’école.
Le taiji de combat n’est pas très connu; pouvez-vous nous en parler un peu, nous dire en quoi il diffère du combat occidental?
Le mot combat n’est pas le plus approprié. Il comprend le shuaijiao, c’est à dire principalement projeter, déséquilibrer et balayer; le qinna qui veut dire littéralement saisir et maintenir en utilisant dimmak (les points vitaux) ou contrôler l’adversaire pour porter des coups de type “dimmak” comme par exemple dans le Simple Fouet, ou encore simplement contrôler et immobiliser l’adversaire (ce qui m’était utile comme officier de police); enfin il y a diepu (faire tomber l’adversaire et enchaîner avec un coup). Il y a bien sûr au départ dans ces trois notions une aptitude au contact qui implique des principes de la poussée des mains. Il ne faut pas croire que ce sont des compartiments séparés, au début quand nous nous entraînions, tout cela était du taijiquan, tout simplement, et chaque type d’entraînement approfondissait la pratique des autres.
Avez-vous tout de suite travaillé ces aspects? Et le travail sur la forme?
Les “combattants” mettaient l’accent sur le neigong et le combat, pas sur la forme. Cependant, la façon d’enseigner la forme différait passablement de celle d’autres systèmes de lignée Yang. Nous apprenions d’abord la forme carrée, qui fut élaborée par Wu Jian Quan quand il enseignait à l’Université de Pékin. Les étudiants étaient si nombreux qu’ils ne pouvaient pas suivre aisément: il sépara donc les mouvements pour qu’ils puissent voir clairement où commençait et où finissait chaque technique. En un second temps, la forme ronde régulière était enseignée. C’est un peu comme l’apprentissage de l’écriture à l’école, où l’on passe des majuscules d’imprimerie à l’écriture cursive; en commençant avec l’écriture cursive, les gens s’embrouillaient, d’où les simplifications de la forme faites par d’autres enseignants comme Yang Cheng Fu. Commencer avec la forme carrée permettait beaucoup de concentration et d’exactitude dans la forme ronde, ce qui contrastait avec les mouvements insipides de nombreux pratiquants.
Pouvez- vous nous parler un peu du travail du neigong / force interne?
On le considère généralement, bien que ce ne soit pas tout à fait exact, comme un aspect secret du tajiquan, enseigné seulement après que l’étudiant a étudié un certain temps (normalement de six mois à un an) et pris part à une cérémonie rituelle. Nous n’utilisons pas le terme qigong, parce que le mot qigong tend à suggérer que le qi est dirigé délibérement vers certaines parties du corps; nous n’essayons jamais de diriger le qi. Nous préférons utiliser le terme de neigong. Nei veut dire interne et se réfère au fait que les 12 exercices yin de la force interne ainsi que les 12 exercices yang visent à renforcer le corps intérieurement en améliorant le fonctionnement des organes internes, le qi et la circulation sanguine. De plus ils stimulent le système nerveux central, forgent la volonté et rendent l’esprit plus tranquille. Le processus de renforcement interne développe l’aptitude du corps à supporter les coups de l’adversaire et même l’impact de quelqu’un qui vous sauterait sur l’abdomen depuis la hauteur d’un homme, et à frapper l’adversaire avec la force “jin” (la puissance exprimée dans un geste focalisé). Les exercices yin sont particulièrement efficaces pour améliorer la santé et atténuer les problèmes d’insomnie, les blessures musculaires et osseuses, la tension nerveuse etc. Les exercices yang développent principalement la puissance. La plupart des exercices ont une application en self-défense.
Vous a-t-il fallu étudier les méridiens, les points d’acuponcture ou l’emplacement des points vitaux?
Mon professeur pensait que la plupart des acuponcteurs étaient soit incompétents, soit des charlatans, et qu’en tout cas cela n’avait presque rien à voir avec le taijiquan. Cependant quand il enseignait le qigong taoiste, et plus particulièrment les exercices à orientation plus sexuelle, il utilisait des termes du neidan (alchimie interne) comme dantian** et weilu***. Il a effectivement enseigné à moi et à quelques autres élèves avancés l’utilisation des points vitaux, mais son approche était directe, sans détours, et il tournait en ridicule ceux qui enseignaient que certains points devaient être visés à certaines périodes de la journée. Il cherchait aussi à développer l’aptitude à blesser l’adversaire quelque soit la façon ou l’endroit où l’on appliquait la force. A l’inverse, il montrait la façon de prévenir ou de supporter la force mise en oeuvre par l’adversaire. De plus il demandait pourquoi vouloir tuer ou estropier quelqu’un.
Après environ trois mois d’entraînement de la force interne, après l’apprentissage de tous les exercies yin, l’étudiant moyen devait être capable de supporter que quelqu’un lui saute de hauteur d’homme sur l’abdomen. Il convient d’avoir un professeur compétent et convenablement expérimenté pour s’entraîner et faire la démonstration de ce test. C’est la raison pour laquelle mon professeur était très demandé par d’autres professeurs d’autres styles de taijiquan et d’autres arts martiaux.
Je serais curieux de comprendre le lien qu’établit quelqu’un qui est d’abord associé à l’enseignement de combat, entre son travail et les exercices sexuels: sont-ils compatibles?
Je fais partie de l’une des trois ou quatre personnes à qui cela a été enseigné, parce que la plupart des garçons, plus jeunes, s’intéressaient principalement au taijiquan (avec ces exercices, on sortait de ce cadre), et la plupart des apports pour la santé des exercices taoïstes se trouvaient déjà présents dans le taijiquan. J’enseigne en général ces exercices modifiés dans une optique de santé aux enseignants ou en privé, et pour moi, l’entraînement au neigong est plus important.
Et l’entraînement au combat?
Nous accordons beaucoup d’importance aux déplacements et à l’esquive, que ce soit dans les techniques de frappe ou de saisie. Les déplacements s’acquièrent avec les exercices de poussée des mains: Sept Etoiles, Neuf Palais, et Dalu. On s’entraîne à l’esquive en pratiquant des exercices de poussée des mains comme Fooyang, les Quatre Directions, Changsisong (Dérouler le fil de soie) et Cailang (Prendre la Vague). J’insiste sur le fait que la poussée des mains n’est pas de la self-défense, c’est juste une méthode pour affiner des aptitudes utiles en self-défense. Les aptitudes de Cheng Tin Hung comme celles de ses élèves ont été testées avec succès dans des compétitions de full contact et des duels. Il a produit de nombreux champions d’arts martiaux du sud-est asiatique. Je parle maintenant de combattants de taiji, ne s’entraînant qu’au tajiquan, s’opposant à des adversaires provenant d’autres styles de gongfu chinois ou d’autres arts martiaux. Aucun autre maître de taiji n’a produit de champion du sud-est asiatique. C’est pourquoi en 1981, quand les autorités chinoises pensaient à introduire ce genre de compétitions en Chine, elle sont invité Cheng Tin Hung à Pékin pour les conseiller sur les règles, l’entraînement et l’organisation des tournois. C’est aussi pourquoi le gouvernement de Hong Kong a demandé à Cheng Tin Hung de sélectionner des enseignants de taiji pour les cours matinaux de taiji du gouvernement.
J’ai rencontré beaucoup d’étudiants et d’enseignants d’autres styles de taijiquan et j’ai vu qu’ils étaient capables de raconter de bonnes histoires de taijiquan sur leur professeur ou le professeur de leur professeur, mais dans la pratique ils n’avaient que des connaissances rudimentaires de poussée des mains basique et de self-défense. Pas de force interne, pas d’esquive, pas d’aptitude au fajin (porter un coup avec émission focalisée de la puissance). On ne peut pas dire qu’ils pratiquent le taijiquan; ils pratiquent le “tofuchuan” (la boxe du pâté de soja). Autrement dit, ils n’ont que du yin, pas de yang, leurs poings sont comme du tofu: mou et pâteux.
A l’évidence vous faisiez l’apprentissage d’un art de combat. Quel est le pourcentage de personnes qui à l’époque à Hong Kong (ou ailleurs en Chine), utilisaient le taijiquan efficacement dans une perspective de combat et combien ne pratiquaient guère qu’un taiji de santé?
Il est certain que les artistes martiaux de Hong Kong percevaient une différence d’approche entre nous et les autres écoles, car ils donnaient l’appellation de ‘tajiquan pratique” à ce que nous faisions. J’ai pu constater alors, et encore maintenant, que le taijiquan en Asie du sud-est est un art de santé, et même quand il est dit être enseigné d’une façon martiale, les méthodes utilisées sont pauvres. Cela est surtout dû au fait que les maîtres ont rarement, si ce n’est jamais, été impliqués dans un combat réel. Mao Ze Dong disait justement: “Qui n’a pas essayé, ne peut en parler”.
Les combattants de full contact ont toujours été minoritaires dans l’école mais à l’époque tout le monde pratiquait au moins quelques applications et faisait de la poussée des mains libre. Depuis 1976 avec l’ouverture de cours de taiji subventionnés par le gouvernement dans les lotissements, ce sont des centaines de milliers de personnes qui font la forme de mon maître à Hong Kong, mal, car elles ont peu ou pas de connaissance d’aucun autre aspect de la pratique.
Quels sont les autres exercices d’entraînement qui vous ont permis de gagner les championnats toutes catégories d’Asie du sud-est?
Bien que l’entraînement de la force interne soit la base fondamentale de la pratique du taijiquan comme art martial, cela ne suffit pas en soi. Une fois que vous avez acquis une aptitude, vous devez apprendre comment et quand l’utiliser, la pratique régulière de la forme à mains nues, de la poussée des mains et des techniques de self-défense est donc essentielle. De plus, comme la plupart des styles de gongfu, le taijiquan a plusieurs techniques de coup de poing. Parmi elles, le Dragon d’Or Enroulé autour du Pilier, Enlacer la Tête du Tigre (on peut se servir de l’avant bras à la place), la Main du Tonnerre qui Roule (on peut utiliser la paume à la place) etc. Sans un poing trempé dans l’acier, on se blesse la main en frappant n’importe lequel des os du visage. C’est aussi vrai pour le taijiquan que pour les autres arts martiaux de style dur. Donc ou bien vous vous restreignez à des coups à main ouverte, ou bien vous endurcissez votre poing en frappant des sacs de sable etc. Il est aussi nécessaire de gagner en endurance (c’est particulièrement important quand vous vous entraînez pour les compétitions de full contact où votre choix de techniques et d’objectifs est limité et que vous faites face à un adversaire puissant et entraîné plutôt qu’à un zoneur dans la rue. La douceur de la forme à mains nues et des styles yin de force interne équilibrent cette forme d’entraînement yang. Si vous ne pratiquez que l’entraînement yang, vous ne pratiquez pas le taijiquan et feriez mieux d’aller pratiquer le boxe de Shaolin.
Dans le taijiquan, la principale théorie pour le combat consiste à utiliser la douceur ou le yin pour vaincre la dureté ou le yang, et d’utiliser la dureté ou le yang pour vaincre la douceur ou le yin. Plutôt que de bloquer les attaques de l’adversaire, nous les dévions ou les redirigeons en utilisant l’esquive et/ou les déplacements tout à la fois. C’est ce qui s’appelle user de douceur pour vaincre la dureté. L’attaque devient donc une force “morte” et a été transformée de yang en yin. Arrivé à ce point, il faut aussi passer du yin au yang en frappant (yang) les points vitaux de l’adversaire (yin). On utilise alors la dureté contre la douceur. Pour améliorer son esquive, il est nécessaire de beaucoup s’exercer à la poussée des mains dont j’ai parlé tout à l’heure.
Pendant cette période où vous travailliez beaucoup physiquement, combien de temps passiez-vous à lire ou à étudier cet art? Votre professeur vous parlait-il beaucoup de l’aspect philosophique?
Je lisais déjà des livres sur le taijiquan quand je pratiquais le karaté, et je continue de le faire. Mon professeur, bien qu’autodidacte, était un rat de bibliothèque, et je dois avouer que j’en suis un aussi. Nous adorions tous les deux les livres d’histoire et de philosophie. A l’époque j’aimais les Légistes**** et les Logiciens***** alors qu’il préférait le Yijing et Lao Zi et Zhuang Zi. Il nous parlait souvent des liens entre la théorie du taiji et la pensée chinoise.
Quand avez-vous compris que vous feriez de cet art votre profession?
Deux ans avant d’aller à Hong Kong, quand je pratiquais encore le karaté.
Donc vous avez délibérément étudié le taijiquan dans la perspective d’en faire votre gagne-pain?
Cela semblait une façon agréable et intéressante de passer mon temps, et cela vaut certainement bien mieux que d’être salarié bien qu’à présent il y ait beaucoup de travail administratif à faire pour le Tai Chi Union of Great Britain (TCUGB) et la Fédération Européenne de Taijiquan et de Qigong (TCFE) etc.
Comment avez-vous démarré vos premiers cours au Royaume Uni?
J’ai lu dans un journal qu’un centre dans le sud de Londres cherchait des professeurs d’arts martiaux, alors je me suis présenté. Il s’agissait en fait d’une vieille école “occupée” par un groupe d’Antillais, mécontents du manque de services sur le plan local. Le directeur du centre, Michael Jacques, qui avait été boxeur et karatéka, devint mon premier élève. Cela fait maintenant des années qu’il fait de l’enseignement du taijiquan sa profession.
Avez-vous eu beaucoup de contacts avec d’autres enseignants à cette époque, et le cas échéant, lesquels avez-vous trouvé intéressants?
Petit à petit j’ai commencé à rencontrer des gens; j’ai vu pratiquer Nigel Sutton en 1985 quand il venait juste de rentrer de Chine, et plus tard nous avons fait plus ample connaissance. J’ai aussi rencontré Gary Wragg, principal représentant pour l’Europe de la famille Wu, et ses étudiants en 1986 quand mon professeur vint pour des stages et nous fûmes tout deux surpris par l’ampleur des différences dans nos pratiques. Toutefois, le professeur qui m’impressionna le plus fut mon grand frère, Ian Cameron, qui semblait tout faire sans le moindre effort.
Pouvez-vous nous parler de ces différences, et de votre opinion sur la façon dont elles sont apparues?
Cheng Wing Kwong, l’oncle de mon professeur, était le plus célèbre des disciples de Wu Jian Quan à Hong Kong, mais il ne savait pas vraiment se battre (c’était un homme d’affaires devenu professeur de taijiquan). Il fit venir à Hong Kong un homme appelé Qi Min Xuan de Heibei Dao dans le Henan, pour former ses fils et neveux. Le père de Qi avait appris avec le père de Wu Jian Quan et Qi s’était aussi entraîné avec un moine bouddhiste formé par Wang Lan Ting qui était un élève direct à la fois de Yang Lu Chan et de Chen Keng Yun (fils du maître de Yang).
La forme à mains nues et celles aux armes (sauf pour la lance) étaient à 80% identiques à celles des Wu avec des différences dans la technique et l’enchaînement; les formes à la lance étaient complètement différentes. Les applications et la poussée des mains étaient fort similaires bien que je ne sois pas sûr que les Wu aient gardé des techniques ésotériques telles que “la Paume de la Fleur Volante”, “la Main du Tonnerre qui Roule”, “les Bras Avant Garde” etc, ou les poussées de mains telles que Cailang (la Vague qui Déracine). En ce qui concerne le neigong, la famille Wu pratique les mêmes exercices mais ne semble pas de nos jours avoir une connaissance d’une série yin et d’une série yang, ou d’une pratique des exercices sur trois niveaux.
Dans l’école de mon professeur, il enseigna aussi à trois ou quatre personnes (dont moi) un qigong taoïste qu’il avait appris de son oncle qui lui même l’avait appris d’un moine taoïste itinérant. Je suis sûr qu’il y a encore d’autres différences de part et d’autre, mais Eddie Wu dans une interview récente a concédé que pendant un certain temps Cheng Tin Hung avait été le chef de file du style Wu, du fait de la situation en Chine parmi d’autres facteurs. Cheng n’a cependant jamais revendiqué cela et qualifiait son art de taijiquan Wudang (du nom de la montagne).
N’avez-vous jamais eu l’envie de travailler avec d’autres instructeurs ou styles?
Non.
Avez-vous dès le début privilégié l’aspect martial, ou avez-vous eu beaucoup d’élèves pour l’aspect “santé” ou “développement personnel”?
Je me suis dit que ces aspects étaient déjà couverts par la concurrence, et bien que je sois alors, comme je le suis toujours, prêt à enseigner au tout venant, l’aspect martial était et est sans doute encore ce pour quoi je suis le mieux connu.
Quel est votre sentiment par rapport aux différentes approches que l’on distingue maintenant pour cet art?
Ce n’est pas le tajiquan en tant qu’art martial que les gens veulent la plupart du temps; c’est du qigong qu’ils veulent, à tel point qu’ils ne veulent pas de la poussée des mains, mais plutôt un massage de qigong à deux. On voit maintenant des hommes d’affaires qui veulent une demi-heure de “taiji” avant le début d’une conférence. Cela fait plus d’argent pour les enseignants et fait peut-être avancer les choses, alors tout va bien.
Quand avez-vous organisé une compétition pour la première fois et qu’est-ce qui vous a poussé à la faire?
C’était en avril 1989 pendant ce qu’on a appelé ” la guerre des taiji” (une petite anicroche locale entre moi et un professeur de taiji bien en vue). Je l’ai fait essentiellement pour la publicité et pour gagner de l’argent.
Cela vous dirait de nous parler de la “guerre de taiji”?
Au fond cela se résume au fait de faire des déclarations et de pouvoir ou pas les vérifier dans la pratique. Dans le dernier épisode de la guerre des taiji en 1997, j’ai presque été éjecté de la Tai Chi Union for Great Britain pour avoir versé une grande bouteille d’eau d’Evian sur un grand maître de la “force vide”. Epi Van de Pol et d’autres, c’est tout à leur honneur, m’ont soutenu dans ce que j’avais fait. En tout cas je suis toujours là, ces “guerres” ne sont donc pas une affaire.
Je me souviens très bien que vos actes ont divisé les gens en camps très distincts (ceux qui pensaient que vous aviez agi de façon peu chevaleresque et vous considéraient de ce fait comme un hérétique; ceux qui pensaient que vous révéliez un aspect de l’art qui laissait souvent les gens sous l’emprise d’une forme de manipulation; et ceux d’autre part qui étaient contents, d’une certaine façon, que vous ayez tiré au clair les assertions outrancières de ce maître, mais aussi contents d’avoir une raison de vous attaquer sur votre caractère. Avez-vous eu des regrets à propos de cette situation et aborderiez-vous ces questions différemment aujourd’hui?
Je n’ai pas vraiment de regrets, bien qu’il soit regrettable d’en être arrivé là. Pour aujourd’hui, comme font les hommes politiques, je refuse de répondre à une question hypothétique.
Nombreux sont ceux qui trouvent que vous n’avez pas les caractéristiques qu’on attend traditionnellement d’un maître de taiji, que certains imaginent (du moins de l’extérieur) comme calme, serein et très “gentleman”; étant ce que vous êtes, et avec les grandes responsabilités qui sont les vôtres, comment répondriez-vous à ces critiques?
Ces “nombreux” et “certains” détracteurs doivent avoir une vie bien protégée. Cheng Man Ching, membre convaincu du Kuomintang (Parti Nationaliste) par exemple était un buveur notoire qui enseignait la calligraphie et la peinture à la troisième femme du chef du Kuomintang, Chiang Kai Shek, un ancien cambrioleur de banques et membre de la Triade du Gang Vert, qui collabora avec les japonais et transmis sa blennorragie à sa seconde femme. L’ex-président d’une association de tai chi du sud-est asiatique détourna les fonds de l’association. Le président de la fédération Internationale de Tai Chi Chuan à Taiwan en 1994 présida pendant la seconde compétition de la Chung Hwa Cup une tricherie qui était si criante qu’en accord avec mon collègue arbitre, Dick Watson, je retirai mon équipe, je réduisis en miettes publiquement et jetai au sol le cadeau avec lequel on voulait nous apaiser.
Pour en revenir à la compétition, quel fut l’impact du premier événement?
Le gymnase était bondé, on ne pouvait s’y tenir que debout. Il n’y avait qu’une épreuve, de poussées des mains à pas mobiles sur une estrade de 60 cm de hauteur. Bien sûr il y a eu des blessés.
Je suppose que cela vous a attiré quelques regards sourcilleux du monde du taiji?
Il y a eu les plaintes habituelles de ceux qui suspectent la chose d’être du sumo mais la réponse est très simple: montrez nous la façon correcte de s’y prendre. A ce jour, ils n’ont pas relevé le défi. De plus, étant donné le haut degré d’aptitude et d’implication dont font preuve les pratiquants de sumo par opposition à ce que montrent la plupart de ceux du taiji, je suis fier de cette comparaison. Par ailleurs le plus grand Yokozuna (grand champion de sumo) des années 80, Chiyonofuji était aussi l’un des plus petits compétiteurs.
Quand avez-vous vous commencé à beaucoup travailler à travers l’Europe et qu’est-ce qui a fait que vous étiez tellement demandé dans les divers pays où vous enseigniez?
A la fin des années 80, il y avait un vide sur le marché et beaucoup de gens voulaient pratiquer le taijiquan comme un art complet mais ne trouvaient pas ce qu’ils cherchaient. Epi Van de Pol m’a un jour appelé “l’Enfant Terrible” de la scène européenne du taiji et c’était peut-être ce qui manquait.
Pensez-vous qu’il fit cette remarque du fait de son approche plus “douce” de cet art, ou du fait de vos façons “provocantes”?
Il y a peut-être un peu des deux.
Y a-t-il beaucoup de différences culturelles dans les divers pays dans lesquels vous enseignez, dans l’intérêt et la façon dont les gens abordent l’art?
Et bien il faut accepter l’idée que les Européens du nord comme les Allemands ne marchent pas au même pas que les Méditerranéens comme les Grecs. Les Hongrois, les Russes et les Bulgares sont encore différents, d’excellents étudiants et j’adore cette partie de l’Europe. Je suppose que c’est un peu comme dans la vieille blague qui dit qu’au paradis les Britanniques sont les policiers, les Français les cuisiniers, les Suisses les bureaucrates, les Allemands les technocrates et les Italiens les amants, alors qu’en enfer…
Considérons maintenant l’aspect politique des choses; vous avez été un membre fondateur de la TCUGB et de la TCFE, pourquoi avez-vous souhaité créer ou être impliqué dans ces structures, et selon vous quel en était l’objectif?
L’idée de la TCUGB fut lancée par Nigel Sutton qui avait son propre agenda politique, mais, fort de mon expérience avec la Hong Kong Tai Chi Association, j’ai tout de suite su que c’était ce qu’il fallait faire, sachant que les gouvernements et autres grands organismes préfèrent traiter avec d’autres grands organismes plutôt qu’avec beaucoup d’individus.
En ce qui concerne le TCFE, j’ai toujours adoré l’idée d’une Europe unie et j’étais heureux de soutenir nos collègues français dont beaucoup sont maintenant des amis et des alliés, dans leur idée de créer une fédération pan-européenne pour le taijiquan et le qigong. Sur le plan pratique, une structure de ce genre peut nous aider à défendre nos intérêts auprès d’organismes comme l’Union Européenne et nous pouvons nous soutenir les uns les autres et préserver notre droit individuel à pratiquer nos arts sans les interférences de la Chine, de Taiwan ou d’ailleurs.
Vous êtes sans doute l’un des personnages les plus controversés des arts internes et je sais qu’on a pour vous des sentiments partagés dans un certain nombre de cercles. Je ne doute pas que vous soyez conscient de ces opinions et j’ai le sentiment que d’une certaine façon vous goûtez à cette notoriété avec un soupçon de malice. Avez-vous envie de vous exprimer sur cela?
D’abord, la vie n’est pas un concours de popularité. Les belles paroles ne sont pas vraies et les paroles vraies ne sont pas belles. La plupart des gens sont paresseux physiquement et intellectuellement; j’essaie de ne pas l’être, si les gens trouvent cela inconfortable, c’est leur problème. Je peux vous assurer qu’il y avait des sentiments partagés à mon égard dans l’école de mon professeur et qu’il y a en également j’imagine parmi mes propres élèves. Oscar Wilde a dit un jour que la seule chose qui soit pire que le fait qu’on parle de vous, c’est le fait qu’on ne parle pas de vous.
Je sais que vous êtes érudit et avez passé beaucoup de temps à étudier le chinois pour accéder à une compréhension de première main des textes sur les arts internes. Avez-vous rencontré des inexactitudes ou des malentendus dans l’information qui a circulé sur ces arts?
Je pense que l’un des principaux problèmes vient du fait que nombreux parmi les personnes intelligentes et instruites qui ont traduit les Classiques du Taijiquan et écrit la plupart des livres, sont ceux qui étaient sans doute meilleurs linguistes que moi, mais ils n’en savaient pas suffisamment sur la pratique du taijiquan, que ce soit dans le domaine de l’alchimie interne ou des arts martiaux, pour comprendre ou expliquer correctement ce sur quoi ils écrivaient. Alors qu’il s’agisse de jin ou de qi, de jing ou de shen, tout est traduit par “énergie et le “dashouge”, littéralement “Chant des Mains qui Frappent” devient le “Chant de la Poussée des mains”.
Au fil des ans vous avez rencontré bon nombre des “grands noms” des arts internes, y en a-t-il qui vous aient particulièrement impressionné ou déçu?
J’ai été impressionné il y a quelques années de voir à Jasnières William Chen faire de la poussée des mains avec humour avec quiconque le sollicitait, bien que ses formes soient décevantes. Bruce Frantzis a de véritables connaissances et est particulièrement expérimenté, mais je n’ai pas une très haute opinion de son approche des applications du taiji. C’est le genre de garçon qui, si vous lui dites: “je reviens d’Istanbul”, vous répondra “et moi d’Onze-tanboul”.
Sur la scène eurpéenne, Aarvo Tucker et Luigi Zanini font du vraiment bon baguazhang. J’aime aussi la vitalité de beaucoup d’enseignants français. Anya Méot et Christian Bernapel par exemple font des formes géniales, et Serge Dreyer ne se défend pas trop mal pour ce qui est de pousser. En Allemagne, j’ai été impressionné par l’intelligence et le dévouement de Jan Silberstorf, tout en trouvant fascinantes les connaissances de Cordyline Bartzs sur les variations de forme de la famille Yang.
Y a t-il des pratiquants que vous auriez aimé rencontrer qu’ils soient vivants ou morts?
Song Shu Ming est un maître peu connu qui était le secrétaire du général Yuan Shi Kai. Il finit par arriver à Pékin au début des années 1900, déclarant enseigner un taijiquan du Mont Wudang, transmis dans sa famille. Wu Tu Nan, l’historien célèbre, a écrit que son propre maître Wu Jian Quan et d’autres maîtres célèbres de Pékin furent si impressionnés par Song qu’ils étudièrent avec lui, bien qu’ils fussent des enseignants bien en vue. Ce serait intéressant de comparer l’art de Song avec ce que font les gens maintenant.
Vous avez sans doute vu bien des changements dans cet art au fil des ans; comment il est enseigné et décrit dans les médias, comment les compétitions et d’autres rassemblements ont joué un rôle dans la promotion et la compréhension finale de cet art aujourd’hui, en comparaison avec la façon dont il était enseigné au début de votre apprentissage; qu’est-ce qui pourrait encore vous surprendre?
Bien que j’aie fait de la compétition, que quelques-uns de mes élèves en fassent et que j’en organise, je n’aime pas vraiment les compétitions. Malgré tout, la pression qu’elles mettent sur l’élève permet de tester son caractère et sa technique. De plus, je pense que les gens réalisent que pour s’en sortir en compétition, il ne suffit pas de pratiquer à l’occasion d’un cours d’une heure par semaine.
Les compétitions sont aussi un test pour les enseignants, qu’ils soient entraîneurs des compétiteurs ou juges, quand il faut identifier ce qui est bon et moins bon dans la technique des compétiteurs. Elles permettent aussi de rencontrer d’autres instructeurs. Toutefois, j’en ai vu aussi les mauvais côtés deux fois à Taiwan, où les gens du pays trichaient, mentaient et manigançaient systématiquement contre les étrangers, particulièrement en 1984 quand j’ai retiré l’équipe britannique de la compétition et que j’ai publiquement réduit en miettes et jeté à terre le cadeau qui nous avait été remis par le président de leur fédération de taiji.
D’autres rassemblements comme les Rencontres de Jasnières, Tai Chi Caledonia et les forums européens de taijiquan-qigong de la TCFE sont tout aussi importants, comme lieux d’échange d’idées sur le plan culturel, technique et pédagogique.
Vous sentez-vous investi d’une responsabilité envers cet art?
Albert Camus a dit: “L’homme n’est pas entièrement coupable, il n’a pas commencé l’histoire, ni tout à fait innocent, puisqu’il la continue”. Nous, les enseignants, avons une certaine responsabilité vis-vis de comment, ce que, et à qui nous enseignons. Ce que je crois, c’est qu’il faut traiter les gens comme des individus; je crois qu’on ne peut pas enseigner et qu’il ne faut pas enseigner la même chose à tous et de la même façon.
Quand on vous a demandé en public pourquoi vous enseignez le taijiquan, vous avez répondu: “Pour gagner de l’argent et rencontrer des femmes intéressantes”. Voyez-vous toujours les choses de la même façon?
Un de ses étudiants a un jour demandé à Marpa le traducteur: “Vous avez dit un jour que celui qui n’apprécie pas la bonne chère, l’alcool et les femmes se fait du tort à lui-même. Il nous semble qu’il n’y a là aucune différence avec notre mode de vie”. Et Marpa de répondre: “Bien que j’apprécie les plaisirs des sens, j’ai le sentiment intime de n’en être pas prisonnier”. Puis: ” Tout en goûtant les plaisirs des sens, je médite sur la divinité…”
Et en effet je médite pendant ma pratique du neigong, mais par sur une divinité.
Pour finir, jeune homme, vous êtes entré dans le monde du taijiquan pour apprendre à vous battre de façon efficace. Menez-vous toujours les mêmes batailles, ou tirez-vous autre chose de cet art?
Des batailles, il y en a toujours plus, bien qu’elles ne soient pas nécessairement contre les mêmes adversaires. J’ai une responsabilité envers le taijiquan et les arts internes chinois en général et envers ma propre école en particulier, pour aller de l’avant et protéger nos intérêts. Serge Dreyer et des membres de la fédération française de taiji m’ont encouragé de diverses façons dans mes contacts en Europe de l’est, en particulier pour initier un vrai mouvement européen en faveur des arts internes chinois afin qu’il y ait un échange d’idées et de culture enrichissant. Je crois que là réside le Saint Graal qui mérite quête.
Dan Docherty, originaire de Glasgow en Ecosse, a étudié le taijiquan à Hong Kong avec Cheng Tin Hung de 1975 à 1984. En 1980, il devient champion toutes catégories au 5e Championnat Pugilistique d’Asie du Sud-Est. Depuis son retour au Royaume Uni, il enseigne le “Practical Tai Chi Chuan” (taijiquan pratique), orientant l’entraînement de ses élèves vers une utilisation martiale efficace du taijiquan. Afin de leur permettre de tester leur degré d’aptitude, il lance l’une des premières compétitions européennes d’arts internes: The British Open Championship. Les années suivantes, il fonde des écoles dans de nombreux pays d’Europe, dont la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande et la Suède. Il est membre fondateur de la Tai Chi Union for Great Britain (fédération britannique) et de la Taijiquan and Qigong Federation for Europe (fédération européenne) où il continue de jouer un rôle actif. Dan a écrit deux livres, Instant Tao et Complete Tai Chi Chuan, et continue ses recherches sur les textes classiques du taijiquan.
(Depuis cet article, Dan Docherty a écrit deux autres ouvrages: Tai Chi Chuan, Decoding the Classics for the Modern Martial Artist et The Tai Chi Bible. Nov 2013)
Cheng Tin Hing
Sifu Cheng Tin Hung est né à San Xiang dans la province du Guangdong en 1930. Il a d’abord appris le taijiquan de son oncle, Cheng Wing Kwong, qui était à Hong Kong l’un des trois étudiants de Wu Jian Quan à résidence. Cheng Wing Kwong fit venir Qi Min Xuan de la province du Henan pour l’apprentissage de ses fils et neveux. Cheng Tin Hung fut le seul étudiant à persévérer malgré la sévérité de l’entraînement. Pendant près de trois ans Cheng Tin Hung accompagna Qi partout, en qualité d’étudiant unique. En 1957, il participa au Concours d’Arts Martiaux sponsorisé par Taiwan, en vainquit le champion poids moyen de Taiwan, Yu Man Tung. Sifu Cheng Tin Hung fonda et fut le président de l’Association de Tai Chi de Hong Kong.
Photos: Archives Dan Docherty, Robbie Scott
Notes :
* Guju Ryu: “l’école de la force (gu) et de la souplesse (jû)” du karaté d’Okinawa et du karaté japonais
** Dantian: champ de cinabre. On dit qu’il y a trois Dantian situés dans le corps au centre du front, au milieu de la poitrine et juste sous le nombril. Cependant la plupart des références au Dantian se rapportent généralement à ce dernier point dans l’abdomen, qui est aussi compris comme le centre de gravité.
*** Wei Lu: coccyx
**** Légistes: école philosophique qui prônait la rationalité et le contrôle de l’Etat par des lois détaillées et des punitions. Ils ont grandement influencé le Premier Empereur qin Shi Huangdi.
***** Logiciens: école philosophique qui utilisait le paradoxe et l’humour. Par exemple: “Un cheval blanc n’est pas un cheval”. A plus tard influencé le boudhisme Chan (Zen).